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A.D.Mer
     
Editions A.Pedone

13 rue Soufflot
75005 Paris

indemer@pedone.info
L'Estonie et ses frontières maritimes
A.D.Mer (2013,XVIII,69)
Paru le 20/12/2014
Jérôme Sautier
Docteur en droit
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Résumé
L’article présente une synthèse des efforts réalisés par l’Estonie depuis son indépendance retrouvée (1991) pour délimiter ses frontières maritimes.
En 1991, l’Estonie a été immédiatement confrontée à sa condition d’Etat maritime. Elle a dû intégrer dans sa législation les principes du droit de la mer, à un moment où la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer entrait en vigueur, ce qu’elle a fait dans l’urgence et sans grande rigueur : l’Estonie sera le dernier Etat riverain de la Baltique à devenir partie à la Convention (2005).
Parallèlement, elle a dû envisager la question de ses frontières, tant maritimes que terrestres, dans le contexte de la disparition de l’URSS. Ne reconnaissant pas la validité des traités conclus en son nom par l’URSS, elle a dû conclure de nouveaux accords avec ses voisins (Finlande, Suède), voire tracer des frontières là où il n’y en avait pas (Lettonie).
Si des accords ont pu être conclus dès 1996-1998 avec la Lettonie, la Finlande et la Suède, le processus entamé en 1992 avec la Russie n’a pas encore abouti, car lié aux aléas de la relation bilatérale entre l’Estonie et la Russie et compliqué par une lecture divergente que les deux Etats font de leur histoire commune au XXème siècle.
Deux accords ont bien été signés en 2005 (l’un pour les frontières terrestres et l’autre pour les frontières maritimes) mais ils n’ont pas été ratifiés par la Russie, suite à un sursaut nationaliste du parlement estonien lors de la ratification. Après un long intermède, les deux Etats ont décidé en 2012 de remettre leur ouvrage sur le métier et deux nouveaux accords (par ailleurs peu différents des premiers) ont été signés en février 2014.
A ce stade, aucun des deux Etats n’a ratifié les nouveaux textes et aucune date n’est avancée. Si la question de la « continuité juridique » de l’Estonie a cette fois été évacuée, d’autres sujets d’irritation pour la Russie (telle que la situation en Estonie des russophones ou le soutien de l’Estonie à l’Ukraine pro-européenne) risquent d’interférer dans le processus de ratification par la Douma.
Abstract
The author presents an overview of Estonia’s efforts to delimit its borders since it regained its independence (1991), focusing on maritime borders. In 1991, Estonia was immediately confronted with its status as a maritime State.
It had to incorporate in its legal corpus the principles of the law of the sea, at a time when the UNCLOS was coming into force, which Estonia did in a rush and without great coherence: Estonia is the last coastal State of the Baltic Sea to become party to the UNCLOS (2005).

At the same time, Estonia had to undertake, in the context of the dissolution of the USSR, the task of delimiting its borders. As it attached no legal value to the border treaties signed previously on its behalf by the USSR, Estonia was led to negotiate new border treaties with its neighbors (Finland, Sweden), and to mark out a border line where there was none (Latvia).
Border agreements were concluded with Latvia, Finland and Sweden in the years 1996-1998, the process with Russia, launched in 1992, has, so far, not come to an end, influenced as it was by the general mood of bilateral relations between Estonia and Russia and by the different perception both States have of their common history in the XXth century.
Eventually, two border treaties were signed in 2005 (one for land borders and the other for maritime borders) but were not ratified by Russia, after the Estonian Parliament took a nationalist stand in its own law of ratification, which outraged Russia. After a long break, the two States decided in 2012 to reopen the negotiations and two new border treaties (not much different from the first ones) were signed in February 2014.
At this stage however, none of both States have ratified the new treaties and no date is announced. The “legal continuity” of Estonia is not any longer a stumbling block but Russia has other reasons to complain (such as the situation in Estonia of Russian-speaking people or Estonia’s support to pro-EU Ukraine) that might interfere with the ratification by the Russia Douma.